vendredi 31 mars 2017

Thirst Never Leaps From The Atoms Of Rust

Ha' Baït cette nuit



Hiérosolyme telle qu'en elle-même l'ailleurs du mot de la ville
d'Atlantide qui s'est avachie au fond de l'âme de la mer.
Du col jusqu'en bas englouti placenta tout vaqua. Les Eaux de la
Jérusalem que sel démâta pas de l'échelle vissée jusqu'aux abysses
mines des Anathemata. Depuis le fond les amines des carcasses
saïtes parapets rongés se ravivent remontent les gravats de cultes
aux vieilles dots, investies puis religes, les éliment comme convoi de
navires naxiotes dolce naufragar de yachts aux abois dont nul pavois
n'avoua la prophétie,
marouflés de rouille érodés. N'ose rouille éludée, c'est réhaut de
sève rouge dont lame jamais ne sécha.
Amphores de verres à dîme recouvertes et rassasiées d'algues,
laminaires et corallins mous monuments du temps démence à
l'échelle de la manne du temps,
caillebotte de pièces de monnaie mimes du roulis des jours enfouis
dans la charpente des chais jusqu'aux abouts, avers reversés au
passé que négociants essorèrent.
Avalise aussi dans son bagage cernes et anneaux de souvenirs agiles
zélés comme jeunes rires d'odes sans épodes
souvenir d'amour aux senteurs d'irone éminents iris de la nuit
première ibidem illico, souvenirs hors la couffe à nouveau
manifestes
et vifs inépuisés comme drague de jolis poissons qui s'alimentent au
bréchet des rets, et se dandinent en tous sens s'agitent.
Venez, or de la boue, réintroduisons-les dans cette Yéroushalaïm interne. (Yehuda Amichaï - patua'ch sagur patua'ch, 1998 - Traduction : Hübert Perseault, il y un peu plus d'une dizaine d'années.)

For my mother Monika

Lips never rust
Ide wise shut
Freshwater fish don't make any crust
Smiles whet what their holy kisses jut

Devarim
N'être pas en mesure de compagnonner la route des démons de la critique professionnelle, pas plus que de commuter sur l'autoroute de la commentation automate aux robots péagers entretenus par de moins modestes amateurs, toujours réunis en conclaves aux carrefours des entrailles et côlons terminaux des grands blogs incrémentiels de la pensée, c'est aussi se placer nu devant le paysage des poissons d'Amichaï.
La friture guette l'évier plein sur la ligne de glose, la flottaison n'est plus assurée, les pédagogues debout sur le Zodiac de la promesse de prophétie commencent à brûler partie du caoutchouc des boudins, châssis de leur substance, et déjà la transforment, avec les gestes tremblants de l'improvisade chère aux alchimistes spécialisés dans la trituration de l'humain matériau, en moelle d'eau noire.
Fixer Stanley, I presume ? Ne pas suivre Fish ni les formalistes, repenser à la vieille herméneutique qu'enseignaient les maîtres disparus, peut-être noyés en paix, derrière le portail de la mer.
Laisser frétiller la communauté idéale des gens de lettres.
L'interprétation, la référence, l'intention, toutes illusions affectives bues, tout ce qui reste, calme, électriquement désagité, flottant sur le dos dans son bocal, peut-être toute leur vie autoriseront à sortir les petits Jonas traducteurs -- machines emphatiques dont ils possèdent les plans secrets, frais comme des gardons, revêtus d'un costume bleu farine plutôt qu'anthracite, chemisés d'un filage égyptien, chèche du désert dégradé en lavallière, col au nœud Lanvin ou mieux encore sans, cravateurs, éreinteurs de la cravache des paroles de la mer, munis d'un cartable ciré --, par une molaire dérobée, au fond du buffet près la joue cartonnée de l'énorme léviathan, Big Fish des grandes expectorations propres sur elles comme le sou d'un crachat neuf, tellement énorme qu'on ne voit plus la baleine brume dans la précision chirurgicale des instruments de son indécomposable vapeur même.
Puis iront s'inscrire au prochain Môle pour s'employer comme réducteurs de textes dans les brisants, armés de la digue de leur seul clavier, pourvus d'un moignon de queue, appendice fantôme de l'ancien squelette, dotés d'un cœur romanesque et d'une tête intelligente.
Les traductions des poèmes de Yehuda Amichaï par Michel Eckhard-Elial sont bien, l'honnête laboureur forge, intègre et rend tout de l'auteur, ne se substitue pas à lui comme certains autres Jonas seraient tentés de le faire.
Mais quelquefois,
Il vente trop dur, il ne saurait mettre son rets bas.
Même Victor Hugo semblait avoir la notion du tempo du travailleur de l'Omer, Amichaï, le rassembleur de paroles.
Lorsqu'on lit ses poèmes en hébreu la douceur de l'entraînement -- douceur changeante, dans les montées d'émulsion de la fleur d'amertume, le fouet du sable passé par le fil des élymes vous drosse au large paradoxal de la surinterprétation -- des voyelles, fracas du sel affleuré, haute chair scintillante sous la fine enveloppe de consonnes qui sifflent et chuintent, se voyant bœufs dans l'œuf noir de leur retour à l'alevin, vous imprègne des timbres coulis de sa voix. L'A nô du silence battoir du B, vav, l'U verre cristallisoir des corps dissous du T, Têt perpétuel du rincement acméïste, à des milles marins de l'onomasiologie des magisters à la molle férule, verbaux voyeurs de lucarnes à fentes de Méduse.
Il faut désoccuper le son du fardeau des gerbes de tatouages aux profondes marques sémantiques, oisifs slogans tapis comme une ancre sympathique dans l'épiderme de l'écrit.
Je ne dis rien de la relation de Yehuda Amichaï avec la terre d'Israël, sa géologie personnelle, les lecteurs de blogs, la communauté du grand Eretz de papier en général, en connaîtront de toute façon déjà la géographie mentale mieux que moi, ni n'en fais trop sur l'amour de la sonorité chez lui. Que cela ne prévienne personne d'observer certains branchements naturels, sophistiqués ou sauvages, sur les rêves halieutiques de poètes comme Basil Bunting et David Jones.
Bunting pour son combat presque érotique avec la friction du mot avec le mot sans manquer jamais au sens, Jones pour la fantastique industrie de sa connaissance intime de la langue, de l'histoire, d'un pays.
Dans les bielles du broyeur aujourd'hui, l'Israélien de l'après-1948 d'Amichaï est-il si loin du private Ball Gallois des Grandes Parenthèses jonesiennes, dans l'intervalle du monde et du lieu ?
Nous aussi, grâce à lui, pouvons combler la distance qui coupe des pirates de Phénicie, retrouver intacte la petite note de terre de cuivre étouffée entre les cymbales de l'antique pouvoir égyptien et celles de la légendaire puissance assyrienne, voir les souvenirs non forcés retracer dans leurs vaisseaux le parcours du sang noir dessiccateur, redécouvrir l'entrée des estrans de servitude où paissent des esprits d'escaliers enfermés à ciel ouvert dans les enzymes des éternelles dérives de la lecture retranscrite.
Jeux de mots ? C'est une certitude, tout le poème se meut à la surface de chaque facette des consonances du verbe "chika", 'disparaître', 's'enfoncer', telle que se noie la Jérusalem-Atlantide, pour migrer à touches fines, narquois délibérément fléché, vers le trans'hyalien "ha'chequef", 'l'aspect', la 'vue', 'l'observation'. Le verbe Aller à la troisième personne du pluriel cite le Bohu originel aux vitres fumées.
Un dialogue authentique sur le visible et son voilement, leurs divers déversements, le renversement du drap du jour sur le sol.
Comme la phrase Avar over lasocher de la troisième partie du texte renvoie le reflet du psaume, ondes repliées dans l'amphore, au contenu fameux, le kesef over lasoher que charbonnent 14 siècles d'exégèse, moment clé où Abraham paie les 400 shekels, un temps où s'inquiéter de la pureté et finesse de l'argent était d'une importance vitale, comme l'est celle de l'épaisseur des mots, dont la fiducie peut quelquefois prêter à caution, de nos jours peut-être tout aussi sûrement.
Il y a douze ans, premier achat d'une mille, cylindrée vaguement magique, seuil d'une épreuve pour le pékin amoureux des montures de fer et de feu, MZ 's', twin vertical scandaleusement allemand non refroidi par air, type de l'architecture moteur pratique et simple, face à la route, Racer de moins de 10.000 €uros (avant travail sur la carte d'injection mère, et bec de canard de tête de fourche ôté), ein lebender Traum.
Absolument pas adepte du cuir, je m'étais promis de faire graver au blanc de lait d'agneau le milieu du titre d'Amichaï, Sagur, carrés paléo-hébraïques, sur mon blouson de tissu dense, graver c'est à dire coudre, la clarté de l'encre forte dressait les acides de mon esprit, dans ma tête le mot faisait plaisant écho à la marque Ségura, maison de cuir oubliée que les motardeux de l'époque connaissaient bien. Je le fis moi-même avec l'agilité de gros doigts boudinés par l'oisiveté manuelle, aiguille à vif sur la poitrine, une invitation à l'Ouverture du coeur, tohu-bohu d'un Montségur des quatre vents de l'aventure (je ne savais pas encore que j'allais desserrer son berlingue, virer la cuti de la moto, en partant une nuit de Paris jusqu'à Ségura ce village de l'Ariège pour son seul nom, la lustrer dans les baptêmes des segments du Crieu, affluent sécure du piémont des Pyrénées, méridion de mars d'un pays d'abondance, sucres élans du fluide reminiscent, liquide eldorado de remembrance dans les os de la jeunesse et de la musique), miss'chaq levavot, un défi conscient face aux potences de l'accident, un aiguillon de coudrier lancé, ainsi qu'osaient le hausser les Sioux Oglalas afin qu'il touchât l'épaule de l'ennemi, prélude au corps-à-corps avec le mal, en direction du regard noirs des viscéraux anti-israéliens de gauche et d'extrême gauche, qui forment le rituel creuset de la même moderne chose cachée, le jugement de Jacques Julliard étant sous cet aspect sans appel (les fachosphériques n'existaient qu'à l'état d'anecdotes centripètes ou de miettes centrifuges dans les cercles humains de la région et des villes que je fréquentais ou longeais), habitant les lycées, fourrant les universités.
Je laissais l'aigle kazakh de Mandello nidifier ses tranquilles parts de ciel dans les parturitions des mèches de son soleil à mon dos.






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